Le vrai mystère du monde est le visible - Oscar Wilde

Publié le par Isabelle Gilbert

La rédaction d'un premier livre est un chemin délicieux et vertigineux à la fois. C'est pour cette raison que cette petite part de vie est une expérience unique.

Je ne connais pas l'issue du voyage, il est donc inutile de me demander de vous raconter la fin de l'histoire. En revanche je suis sûre que mes pas me mèneront jusqu'à elle. Etes-vous déjà parti sans savoir où vous allez tout en étant certain que vous êtes dans la bonne direction? Alors vous connaissez mon sentiment et vous comprenez pourquoi j'ai décidé de faire confiance au voyage en en partageant avec vous chacune des étapes qu'elles soient artistiques ou administratives.
Il est long le temps où les sensations prennent corps et commencent à se transformer en mots. Les mots n'arrivent qu'après la découverte, après l'expérience, après l'émotion. Ils viennent se déposer dans l'esprit comme les feuilles d'automne viennent redessiner nos rues pavées pour leur donner un tout autre visage et transcender les sons du paysage.
L'écriture est exigente, tranchante comme le sabre du samouraï. Elle ne reconnaît que la sincérité. C'est pourquoi je me dois de vous livrer ce secret, au commencement il n'y a pas de mot...
Il y a des images, des odeurs, des sons, et beaucoup, beaucoup d'errance. Sur un projet comme celui-ci, je dois m'empêcher d'aller trop vite. Dans le monde qui est le nôtre aujourd'hui, il est difficile de devoir prendre le temps, parce que le monde qui est le nôtre est avide de résultats. Cette dualité je la porte en porte en moi tous les jours. Je ralentis ou j'accélère, mais le plus important est de rester à l'écoute de ce rythme interne dicté par le projet lui-même.  Alors seulement le temps fera son oeuvre et changera mon point de vue en point de vie.
Et pour le moment, Edimbourg reste une carte postale insaisissable.


 

En logeant sur Blair Street, près de la Royale Mile, le hasard m'a placé au centre de la vie touristique. L'avenue est jonchée de boutiques de souvenirs et croyez moi c'est une chose étrange pour une personne qui vient tout juste d'arriver. Je n'ai pas encore atteint le bout de la rue que mon regard est déjà saturé de "souvenirs" en tout genre : Nessie en peluches, châteaux en porte-clés, kilts en soie ou en cachemire, longs ou courts, pour homme, pour femme, pour enfant, ... Sous un porche un jeune joueur de cornemuse entonne les airs les plus commerciaux. Partout des groupes de visiteurs se rejoignent pour participer aux visites hantées proposées par plus d'une enseigne. Les comédiens du Mary King's Close ressemblent aux automates d'une boîte à musique, alpaguant les passants et répétant sans cesse les mêmes slogans appris par coeur. Seule la pluie tarde encore à tomber.



C'est ici pourtant que tout commence, avec l'impatience trépignante du touriste, avec ses rires sonores de ravissement. 
Pour apprendre à connaître ce qu'il y a après, ce qu'il y  a derrière, il me faut rester là, ne plus bouger et attendre que la rue se calme; attendre que les marchands tirent leurs rideaux de fer et que les guident dégraffent leurs costumes de parade. Alors seulement je peux entrevoir le début d'une histoire. Le joueur de cornemuse a pris son banjo, les venelles laissent à nouveau siffler le vent et la pluie, enfin, se met à tomber. Tout est là et tout reste encore à faire.
Tout ? Pas tout à fait, car cette semaine l'Institut Français d'Edimbourg a accepté d'accueillir la première exposition tirée du livre à lété prochain ....



 

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